Récit de mon accident au gouffre de Longtan, Chongqing.
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Récit de mon accident au gouffre de Longtan, Chongqing.
Voici après plus de deux mois quelques détails sur mon accident au gouffre de Longtan, à Yunyang, Chongqing, Chine.
Las photos ne sont pas de moi, mais de Sun Kening et de Luoxiaoxi.
J'ai perdu les miennes (effacées par erreur).
Je donne des détails après les photos.
Las photos ne sont pas de moi, mais de Sun Kening et de Luoxiaoxi.
J'ai perdu les miennes (effacées par erreur).
Je donne des détails après les photos.
L'histoire
Le 18 Juin, j'étais invité pour organiser une démonstration des techniques de cordes dans le gouffre de Longtan, à Yunyang, dans la province de Chongqing.
J'ai eu à cette occasion le plaisir de rencontrer des spéléos américains, anglais, espagnols japonais et bien sûr chinois.
C'est sur place que nous avons su à peu près pourquoi nous étions là.
Trois ateliers étaient prévus, il s'agissait d'équiper et d'évoluer sur corde dans le tiers supérieur d'un magnifique gouffre de 300 m de profondeur à son point le plus haut, mais 200 à 100 m selon les lieux de descente. Ce qui m'était demandé était simplement d'équiper une verticale absolue de 200 m puis, avec un coéquipier japonais, de faire la course avec une équipe chinoise. J'ai trouvé ce plan ennuyeux et ait voulu y ajouter une traversée en tyrolienne, les lieux s'y prêtant particulièrement bien.
C'est en testant cette tyrolienne que j'avais moi-même mis en place que j'ai eu mon accident.
Cet accident s'explique principalement par une faute de principe : je voulais de la vitesse. J'ai donc donné de la pente à la tyrolienne et ai utilisé une poulie à roulement à bille très performante. Je n'ai bien entendu pas prévu de système de freinage. J'avais seulement vérifié la hauteur de passage par rapport aux reliefs et prévu une butée à l'arrivée.
Bien entendu, le comportement de la corde avec la vitesse a été très différent que statiquement, et la vitesse était beaucoup trop élevée.
L'affaire s'est donc soldé, alors que j'étais encore préoccupé à ce que la poulie soit bien orientée pour avoir le meilleur rendement, par un choc à pleine vitesse sur un rocher.
Donc plus de mal que de peur.
Grande chaleur instantanée dans la jambe droite, presque impossible de respirer, pendu sur ma corde...
Je procède rapidement aux gestes techniques nécessaires à mon décrochement.
Jambe droite inutilisable, fourmillements désagréables et inquiétants dans le pieds, mais pas de sang.
Je n'ai donc qu'une urgence, m'allonger en position latérale de sécurité sans me brusquer.
On m'aide à prendre pied au bord, puis à franchir la barrière.
J'arrive à dire en souriant à Jiordi qui est là : "regarde bien, tu as sous les yeux un con !"
Car dans la seconde du choc je n'ai eu aucun doute sur les causes de ce qui se passait. C'était trop simple, trop évident.
La douleur est trop forte, je refuse d'être porté à dos et m'allonge sur le coté indemne.
Je me rend compte que mon coeur bat très vite, je ne respire presque pas tellement j'ai mal.
Une civière arrive rapidement, Yu jianguo qui est docteur vérifie et valide ma transportabilité.
Je regrette de ne pas avoir attendu debout la civière... malgré toute leur attention, j'ai très mal quand on m'installe dessus.
On me porte à l'ambulance, puis l'ambulance à l'hôpital le plus proche. Le chemin est dans un état déplorable et les chaos incessants.
Je réclame de la lenteur ! A ce moment, j'ai surtout peur pour ma colonne vertébrale. Je picotements que je sent dans le pied m'inquiètent beaucoup.
Je suis toujours couché sur le coté et j'ai peur qu'un nid de poule trop violent ne puisse dégrader mon état de santé.
Les premières radios sont rassurantes : il y a des fractures au bassin, aux cotes, mais la colonne vertébrale est intacte. Je demande à les voir, et je remarque surtout ma position crispée de douleur sur la table du banc de radiographie.
Yu jianguo me parle d'un pneumotorax. Mes difficultés à respirer vont donc au-delà des simples douleurs liées aux côtes cassées.
Je suis dont immédiatement transféré sur un hôpital plus grand, à Yunyang, à quelques heures de route. Je passe une nouvelle série de radios, puis une IRM. Des analyses plus poussées sont faire sur le col du fémur droit qui présente des traces de fracture consolidée alors que je n'ai jamais eu d'accident de ce type. La conclusion est que je me suis bien cassé le col du fémur auparavant, et que ça s'est ressoudé. Le tout sans intervention médicale ni même que je ne m'en rende compte.
Les transfert du lit à la civière, de la civière aux tables d'examen et inversement sont à peu près supportable car le personnel, patient, accepte d'attendre que je rampe centimètre par centimètre, supportant ma jambe droite par ma jambe gauche. Je suis sous perfusion et un petit tube m'injecte de l'oxygène pur dans les narines.
La démonstration finie au gouffre de Longtan, les amis m'ont rendu visite. Puis on m'a transféré sur un hôpital de Chongqing. C'est lors de ce transfert sans nul doute que j'ai plus souffert, pour deux raisons : la première était que l'on a voulu me faire des analyses d'urine et me forcer à uriner par une sonde urinaire. C'est extrêmement douloureux, je l'ai fat enlever aussitôt, mais la douleur était encore plus forte après à chaque fois qu'il fallait uriner. Et il fallait uriner de peur qu'on ne recommence à me forcer par ce procédé vraiment très douloureux. Sous perfusion permanente et enjoint de boire par mon entourage, j'étais saturé de liquide et le besoin d'uriner était fréquent. La seconde raison était que la civière de transport n'avait pas de pied ! J'étais donc couché dans l'ambulance posé directement sur une couverture. Je pouvais donc sentir passer le moindre cailloux sur la route... pendant 5 heures !
Je me remémorais ces victimes du séisme que j'avais aidé à manipuler à Anxian et que je voyais supporter les opérations sans manifester leur douleur. Je me disais que je me trouvais bien douillet et que je me plaignait pour pas grand chose.
A Chongqing, l'hôpital est moins classe qu'à Yunyang. Et les infirmière un peu plus expéditives. Une fois posé sur le lit, je m'installe enfin sur le dos.
Au premier matin, je découvre que j'ai une garde-malade en la personne de Luoxiaoxi qui a passé la nuit couchée au pied du lit car le second lit de la chambre était occupé.
Elle s'occupera de moi pendant tout le séjours. Car le rôle des infirmière n'inclue pas de s'assurer que les malades mangent et se lavent.
On me dit que j'ai de la chance : deux mois d'hôpital et guéri dans trois mois ! Heureusement, les choses sont allé plus vite.
Chaque jours apportait sa petite amélioration. Les visites étaient très fréquentes. Je n'ai pas vraiment vu passer les trois premières semaines au bout desquelles j'arrivait à m'asseoir dans le lit, puis au bord du lit, puis à me mettre debout sur mes deux jambes, avec bien entendu pour effet de tomber quelques minutes dans les pommes.
Mes rudiments de Taichi m'ont été d'un très précieux secours pour réapprendre à marcher. Pas besoin de béquille. S'ancrer sur un pied libère l'autre et ainsi de suite. J'ai fait des essais comparatif et il n'y a pas photo : une traversé de pièce en marche Taichi se faisait rapidement et dans aucune douleur. Toute autre tentative était hésitante et douloureuse.
Après un mois d'hôpital, le me suis fait ramener à Guiyang.
J'ai eu à cette occasion le plaisir de rencontrer des spéléos américains, anglais, espagnols japonais et bien sûr chinois.
C'est sur place que nous avons su à peu près pourquoi nous étions là.
Trois ateliers étaient prévus, il s'agissait d'équiper et d'évoluer sur corde dans le tiers supérieur d'un magnifique gouffre de 300 m de profondeur à son point le plus haut, mais 200 à 100 m selon les lieux de descente. Ce qui m'était demandé était simplement d'équiper une verticale absolue de 200 m puis, avec un coéquipier japonais, de faire la course avec une équipe chinoise. J'ai trouvé ce plan ennuyeux et ait voulu y ajouter une traversée en tyrolienne, les lieux s'y prêtant particulièrement bien.
C'est en testant cette tyrolienne que j'avais moi-même mis en place que j'ai eu mon accident.
Cet accident s'explique principalement par une faute de principe : je voulais de la vitesse. J'ai donc donné de la pente à la tyrolienne et ai utilisé une poulie à roulement à bille très performante. Je n'ai bien entendu pas prévu de système de freinage. J'avais seulement vérifié la hauteur de passage par rapport aux reliefs et prévu une butée à l'arrivée.
Bien entendu, le comportement de la corde avec la vitesse a été très différent que statiquement, et la vitesse était beaucoup trop élevée.
L'affaire s'est donc soldé, alors que j'étais encore préoccupé à ce que la poulie soit bien orientée pour avoir le meilleur rendement, par un choc à pleine vitesse sur un rocher.
Donc plus de mal que de peur.
Grande chaleur instantanée dans la jambe droite, presque impossible de respirer, pendu sur ma corde...
Je procède rapidement aux gestes techniques nécessaires à mon décrochement.
Jambe droite inutilisable, fourmillements désagréables et inquiétants dans le pieds, mais pas de sang.
Je n'ai donc qu'une urgence, m'allonger en position latérale de sécurité sans me brusquer.
On m'aide à prendre pied au bord, puis à franchir la barrière.
J'arrive à dire en souriant à Jiordi qui est là : "regarde bien, tu as sous les yeux un con !"
Car dans la seconde du choc je n'ai eu aucun doute sur les causes de ce qui se passait. C'était trop simple, trop évident.
La douleur est trop forte, je refuse d'être porté à dos et m'allonge sur le coté indemne.
Je me rend compte que mon coeur bat très vite, je ne respire presque pas tellement j'ai mal.
Une civière arrive rapidement, Yu jianguo qui est docteur vérifie et valide ma transportabilité.
Je regrette de ne pas avoir attendu debout la civière... malgré toute leur attention, j'ai très mal quand on m'installe dessus.
On me porte à l'ambulance, puis l'ambulance à l'hôpital le plus proche. Le chemin est dans un état déplorable et les chaos incessants.
Je réclame de la lenteur ! A ce moment, j'ai surtout peur pour ma colonne vertébrale. Je picotements que je sent dans le pied m'inquiètent beaucoup.
Je suis toujours couché sur le coté et j'ai peur qu'un nid de poule trop violent ne puisse dégrader mon état de santé.
Les premières radios sont rassurantes : il y a des fractures au bassin, aux cotes, mais la colonne vertébrale est intacte. Je demande à les voir, et je remarque surtout ma position crispée de douleur sur la table du banc de radiographie.
Yu jianguo me parle d'un pneumotorax. Mes difficultés à respirer vont donc au-delà des simples douleurs liées aux côtes cassées.
Je suis dont immédiatement transféré sur un hôpital plus grand, à Yunyang, à quelques heures de route. Je passe une nouvelle série de radios, puis une IRM. Des analyses plus poussées sont faire sur le col du fémur droit qui présente des traces de fracture consolidée alors que je n'ai jamais eu d'accident de ce type. La conclusion est que je me suis bien cassé le col du fémur auparavant, et que ça s'est ressoudé. Le tout sans intervention médicale ni même que je ne m'en rende compte.
Les transfert du lit à la civière, de la civière aux tables d'examen et inversement sont à peu près supportable car le personnel, patient, accepte d'attendre que je rampe centimètre par centimètre, supportant ma jambe droite par ma jambe gauche. Je suis sous perfusion et un petit tube m'injecte de l'oxygène pur dans les narines.
La démonstration finie au gouffre de Longtan, les amis m'ont rendu visite. Puis on m'a transféré sur un hôpital de Chongqing. C'est lors de ce transfert sans nul doute que j'ai plus souffert, pour deux raisons : la première était que l'on a voulu me faire des analyses d'urine et me forcer à uriner par une sonde urinaire. C'est extrêmement douloureux, je l'ai fat enlever aussitôt, mais la douleur était encore plus forte après à chaque fois qu'il fallait uriner. Et il fallait uriner de peur qu'on ne recommence à me forcer par ce procédé vraiment très douloureux. Sous perfusion permanente et enjoint de boire par mon entourage, j'étais saturé de liquide et le besoin d'uriner était fréquent. La seconde raison était que la civière de transport n'avait pas de pied ! J'étais donc couché dans l'ambulance posé directement sur une couverture. Je pouvais donc sentir passer le moindre cailloux sur la route... pendant 5 heures !
Je me remémorais ces victimes du séisme que j'avais aidé à manipuler à Anxian et que je voyais supporter les opérations sans manifester leur douleur. Je me disais que je me trouvais bien douillet et que je me plaignait pour pas grand chose.
A Chongqing, l'hôpital est moins classe qu'à Yunyang. Et les infirmière un peu plus expéditives. Une fois posé sur le lit, je m'installe enfin sur le dos.
Au premier matin, je découvre que j'ai une garde-malade en la personne de Luoxiaoxi qui a passé la nuit couchée au pied du lit car le second lit de la chambre était occupé.
Elle s'occupera de moi pendant tout le séjours. Car le rôle des infirmière n'inclue pas de s'assurer que les malades mangent et se lavent.
On me dit que j'ai de la chance : deux mois d'hôpital et guéri dans trois mois ! Heureusement, les choses sont allé plus vite.
Chaque jours apportait sa petite amélioration. Les visites étaient très fréquentes. Je n'ai pas vraiment vu passer les trois premières semaines au bout desquelles j'arrivait à m'asseoir dans le lit, puis au bord du lit, puis à me mettre debout sur mes deux jambes, avec bien entendu pour effet de tomber quelques minutes dans les pommes.
Mes rudiments de Taichi m'ont été d'un très précieux secours pour réapprendre à marcher. Pas besoin de béquille. S'ancrer sur un pied libère l'autre et ainsi de suite. J'ai fait des essais comparatif et il n'y a pas photo : une traversé de pièce en marche Taichi se faisait rapidement et dans aucune douleur. Toute autre tentative était hésitante et douloureuse.
Après un mois d'hôpital, le me suis fait ramener à Guiyang.
longtan
... et oui, ne pas confondre "vitesse" et "précipitation" (sinon ça scotch)...
pascale- Messages : 7
Date d'inscription : 14/05/2008
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