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Fengshan, février 2009, explorations en plongée à Sanmenhai

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Message  Admin Mer 11 Mar - 19:13

Voici un compte rendu de ma participation à la dernière expédition plongée à Fengshan, dans le Guangxi entre février et mars 2009..

Le contexte est un peu spécial. Fengshan voulait plus ou moins se payer un coup de pub en établissant par plongée spéléo une jonction entre la résurgence Sanmenhai et les grottes de Feilongdong et Mawangdong.
Un accord de création d'une base de plongée entre Fengshan et le GUE (Global Underwater Explore, un groupe international de plongée subaquatique). Mais Fengshan comme le GUE ont reconnu qu'il était utile dans cette histoire d'inclure un spéléologue capable d'orienter les recherches et de les assister. C'est à ce titre que j'ai été invité à Fengshan à l'occasion de cette nouvelle étape de l'exploration du réseau résurgeant à Sanmenhai. 

Bien que plongeur moi-même, je me suis tenu à l'écart des plongées. En effet, le GUE fonctionne avec un équipement et des procédures standardisées basées sur le principe de la plongée en binôme avec bi-bouteilles reliées par un robinet, alors que la plongée spéléo selon mes critères est moins dangereuse en plongée autonome avec deux bouteilles indépendantes. Ces "détails" font que chacun a tôt fait de considérer la pratique de plongée de l'autre comme à la limite du suicidaire, et n'étant pas venu pour engager une polémique sans issue ni pour entrer dans une compétitions idiote et dangereuse, j'en suis resté aux aspects spéléo de l'histoire.

Les spéléologues anglais Bruce Bensley et Ged Campion du Yorkshire Ramblers Club, qui avec leurs équipes ont fait un excellent travail d'exploration des cavités à l'amont de ce réseau qui compte déjà dans les plus grands de Chine m'avaient aimablement confié toutes leurs données topographiques ainsi que les plans des grottes les plus intéressantes en vue d'une connection spéléologique entre les parties amont et aval du réseau. Ces données m'ont été très utile pour comprendre "où nous mettions les pieds".

19 février
Les plongeurs tout d'abord avaient en la résurgence de Sanmenhai une voie toute tracée. J'ai donc consacré la première journée à une reconnaissance dans la grotte de Mawangdong, énorme grotte fossile à environ 500 m de Sanmenhai, dans l'entrée de laquelle se trouve un accès à deux lacs pouvant constituer des objectifs de plongée. J'ai tenté de pousser plus loin dans la cavité, mais un puits de plus de 50 mètres non indiqué sur la topographie m'a barré la route. Le porche de Mawangdong a servit pendant les épisodes guerriers de la Longue Marche" d'usine d'armement pour l'Armée Rouge. Il reste quelques terrasses ainsi qu'un atelier où l'on peut voir des enclumes ainsi que des ustensiles dont j'ignore la fonction.
Le soir, les calculs effectués sur la base des relevés des plongeurs Jarrod et Kasey dans Sanmenhai semble indiquer qu'ils ont fait deux tours sur eux-même pour terminer sous leur point de départ. il faut dire que la visibilité n'est que de trois mètres alors que le volume qu'ils tentent d'explorer dépasse 50 m de diamètre pour 80 m de profondeur. Ils restent toutefois assez dubitatifs sur les résultats de mes calculs. Il faut dire que les conversions de pieds en mètre et les hésitations qu'il m'a fallut pour bien comprendre leur process de topographie avait de quoi induire des doutes. Mais un azimut reste un azymuth...

20 février : 
Une certaine confusion marque le début de cette journée où il est question de se rendre à la fois le matin à Sanmenhai et l'après-midi à Shimahu, un poljé situé à près de 50 km. Une certaine pression règne sur ce sujet. En dehors du fait que ce plan est bancale, Fengshan évoque un problème technique nécessitant plus de préparation. David Deng, fait un forcing sur le système en appelant les dirigeants pour arracher la possibilité de quand même effectuer ce programme déraisonnable, mais il est bien entendu rapidement désavoué. Je laisse donc les plongeurs à Sanmenhai et part pour une reconnaissance d'un objectif signalé par Bruce et Ged comme  un bon candidat à l'exploration en plongée : le puits de Longshi. Il faut conduire une petite heure pour contourner le massif et trouver les guides locaux susceptibles de m'y mener. Ils me conduisent tout d'abords à une belle perte mais qui ne présente pas de puits d'entrée. J'y fait une incursion. C'est tout simplement magnifique. La rivière est complètement tarie, mais les bancs de sable, les berges ornées de concrétions majestueuses et le volume laissant pénétrer la lumière du jour sur plusieurs centaines de mètres font de cette grotte un lieu d'une esthétique inoubliable. Sur le bord, je repère un grand lac où semble partir une galerie. Est-ce un lac ou un siphon ? Seule la plongée pourra le confirmer. l'eau est claire, et c'est un bon point. Je poursuis dans la galerie principale jusqu'à un nouveau lac et reviens en prenant quelques azimut et en comptant mes pas pour évaluer la distance. De retour à Fengshan, je pourrais ainsi avoir la certitude qu'il s'agit de "Green river Sinkhole", nos amis anglais n'ayant pas reporté sur leur plan la toponymie chinoise.

Je questionne à nouveau mes guides. Nous reprenons la voiture et partons pour des kilomètres de piste à travers un karst grandiose. Nous passons devant des petites mines de fer. Sans doute l'Armée Rouge venait déjà y récupérer les matières premières nécessaires à son usine d'armement. Nous finissons par arriver au petit village de Longshi. Le puits est juste derrière. La topo indique un puits de 56 m. Ma plus longue corde fait 55 m mais j'ai deux cordes de respectivement 30 m et 15 m en plus. La descente dans les arbres jusqu'à la partie verticale du puits consomme raisonnablement peu de cordes, je m'attend donc à un équipement vite fait et sans histoire. En fait, la verticale fait plus de 80 m et il me faudra reprendre deux fois mon équipement depuis le haut pour utiliser toutes les astuces possibles et imaginables à base de bouts de sangles et de ficelle en dyneema pour atteindre le fond du puits.  Je descend rapidement voir la rivière dont le bruit m'appelait depuis le haut du puits. Elle sort d'une trémie et se jette dans un siphon. Un déversoir situé plus de 10 m plus haut replonge vers une vasque d'eau. Dans le puits arrivent trois galeries fossiles. Le plan du YRC ne concerne qu'une de ces trois galeries. L'exploration de Longshishaft est donc à peine commencée et il est un peu tôt pour que l'utilisation de la technique de plongée spéléo soit justifiée. D'autre part, je sens mal mes plongeurs s'attaquer à une telle verticale. Je remarque au passage que l'une des galeries a fait l'objet d'un pillage de ses concrétions : en remontant le puits, je vois un petit stock de stalagmites ainsi que le câble, cassé, qui servait à hisser leur butin.

Le bilan de la plongée du jour est la confirmation des calculs de la veille, des dimensions globales du volume et de la difficulté à trouver son chemin dans ces conditions sans sonar.

21 février : 
Je pars pour Shimahu avec Gideon et Mark.
Une reconnaissance avait été faite l'an passée, il s'agissait d'un grand lac avec une perte a bout du lac.
Il est envisageable que la mise à l'eau nécessite une corde.

En fait, après une longue route dans les terrains non karstiques du permien supérieur, on suit une petite rivière alimentant un très grand poljé enchâssé dans le permien inférieur qui est ici la roche de prédilection pour le creusement des cavités.
Le niveau du poljé a fortement baissé et la piste permet d'atteindre les pertes. Enfin, les pertes, disons les boutasses. Ce ne sont que des plans d'eaux mortes sur lesquelles flottent divers déchets végétaux apportés par le vent. Nous inspectons tous les sites, et retenons pour plonger celui qui ressemble un peu à une grotte, mais sans trop d'illusion étant donné la couleur de l'eau.

Je laisse les hommes-grenouilles à leurs préparatifs et part inspecter les abords de ces pertes. A cet endroit, le poljé présente un col, sorte d'arête rocheuse qui isole deux compartiments. Un gars du coin m'indique une grotte de petite entrée. Après une entrée plutôt sèche car parcourue par l'air frais du dehors, on passe entre des blocs pour arriver à un boyau exhalant de l'air chaud et humide. A partir de là, l'ambiance devient plus boueuse. Une galerie au sol plat et collant s'achève en une salle vaguement concrétionnée. On revient alors un peu en arrière pour rejoindre un niveau supérieur. La galerie sur fracture se prolonge et s'achève sur un siphon après franchissement d'une coulée par une escalade suivie d'une désescalade. L'eau est claire et le volume restreint permettrait une exploration en plongée. Mais les abords sont un véritable tas de boue, le matériel GUE est bien trop lourd pour être promené dans un endroit pareil. 
J'abuse honteusement d'un brave gars qui m'a suivit jusque là avec sa lampe de poche pour lever la topographie au retour. Toutefois, il se venge à plusieurs reprises en grillant une cigarette et en utilisant son téléphone portable pour sonoriser la grotte d'un concert de rock. 

Sans surprise, la plongée n'a rien donné. Un petit tour dans les environ permet de trouver deux puits, de part et d'autre de l'axe du poljé, donnant chacun sur une vasque d'eau où la visibilité dépasse le mètre. Le second a un grand volume et pourrait être un objectif intéressant. Il s'agit tout de même d'un P30 plein vide avec mise à l'eau en bas de la corde. Mais la question ne se posera pas. D'après ce que nous arrivons à comprendre, nous sommes au moment où l'eau est la plus claire... et c'est bien insuffisant !.

22 février : 
Le programme prévu est de mettre une équipe de plongée dans Feilongdong (Tiankeng 5) et dans Mawangdong (Tienkeng 6).  Mais j'estime avoir besoin d'une journée pour bien préparer l'acheminement du matériel dans la descente du puits. Il n'y a pas une grande difficulté technique pour n'importe quel spéléo à descendre dans ce 5ième Tienkeng. J'avais équipé cette descente en 2005 l'année précédente avec Julia Tian. Cependant, le puits se trouve au fond d'un cône d'éboulis instable, et le nettoyage prend souvent plus de temps que l'équipement lui-même. Enfin,les plongeurs ont besoin de 5 lourdes bouteilles de gaz comprimé chacun, dont un bi-bouteille pré-assemblé d'un poids supérieur à 30 kg. Les robinets ne sont pas protégés et un mauvais choc contre un rocher peu facilement compromettre la plongée voir pire transformer le robinet en projectile métallique propulsé par une pression de 200 bars ! L'autre contrainte de l'équipement est qu'il doit permettre a des débutants d'évoluer à la fois sans risque et sans surveillance. David Deng essaye de me mettre la pressions "les autorités ont dépensé beaucoup d'argent sur ce projet et veulent un résultat rapidement...". N'ayant pour ma part rien rendu à personne, mon seul objectif est la sécurité et je m'y tient.
Jarrod m'accompagne pour équiper. Au début, il ne s'agit que de stabiliser un itinéraire dans la descente pour limiter les chutes de pierres. Ce travail ne peut pas être parfait, il faut donc prévoir un itinéraire limitant la possibilité qu'un porteur fasse tomber des pierres sur un autre. Puis la pente s'accentue et il faut placer des cordes pour éviter le chute des personnes. J'utilise un perforateur électrique qui n'a pas servit depuis longtemps. Je me méfie donc de son autonomie et limite tout d'abord au strict minimum le nombre d'ancrages (deux au départ et un à chaque relais), puis une fois la descente assurée, je remonte en doublant les ancrages pour lesquels ça peut être utile. On a donc une courte main courante, une descente douce en pan incliné suivit d'une seconde présentant un petit ressaut. On arrive alors à une vire qui se franchit en varappe, les prises sont saines et la nature a fournit des points d'ancrage fréquents. Au bout de la vire se trouve une verticale d'une vingtaine de mètres, de simples trous dans les protubérances rocheuses ont permit de placer un répartiteur de charge en dyneema, il faut dire qu'il y a dans l'équipe un gaillard de plus de 120 kg !
J'initie Jarrod a la technique de progression et il peut ainsi rendre visite à l'objectif de plongée du lendemain.

Il nous reste du temps pour monter à Mawangdong. Le problème y est complètement différent. En effet, un sentier en spirale permet la descente du puits de 100 m peut se faire à pieds et sans aucun équipement, mais pas sans risque. Je ne dispose que d'une corde de 200 m. Je place tout d'abord une main-courante pour le début du sentier qui présente la plus grande exposition aux chutes. Le problème, c'est la fin de la descente. Lorsque j'étais descendu quelque jours plus tôt, j'avais installé sommairement une corde dans un amas de gros rochers agglomérés dans une gangue de terre sèche. C'était satisfaisant pour une descente, ça ne peu pas l'être pour un portage. Mais alors que je contemple le spectacle de cette entrée grandiose tout en cherchant la moins mauvaise des solutions, voici que nos porteurs-guides descendent par un sentier que je n'avais pas remarqué. L'accès piéton semble aisé. Mais comment le sécuriser. La corde est longue, mais pas assez pour suivre toute la spirale du sentier, elles ne serait d'ailleurs utile que pour quelques dizaines de mètres. J'opte donc pour une descente piétonne des personnes et une descente sur tyrolienne inclinée du matériel. Je prépare les ancrages en haut, puis descend par le sentier amarrer et tendre la corde en bas. Le surplus pourra servir à aider la descente et la monté du grand cône d'éboulis terminal. la progression sera beaucoup plus facile qu'à Feilongdong.

Pendant cette même journée, les plongeurs sont allé à Green River sinkhole. Ils ont plongé la vasque qui s'avère n'être qu'un lac. Mais ils reviennent enchantés par la découverte d'une grande et belle galerie au-delà du lac.

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Message  Admin Mer 11 Mar - 19:15

23 février :
Deux plongeurs plus un vidéaste à mettre dans l'eau de Feilongdong. Les porteurs qui amènent le matériel à l'entrée du trou sont payé 60 yuans la journée. Ils soupèsent la matériel. Une femme charge dans une hotte en bambou des petites bouteilles et du plomb. Elle soupèse et repose le tout en rigolant. Elle va chercher un gros sac bien lourd qu'elle ajoute par dessus pour faire "bon poids". Les camarades plongeurs, tous de solides gaillards bien musclés, sont épaté de voir ces paysans maigres comme des bambous emporter le tout en rigolant.
Vient le moment de voir si l'équipement mis en place la veille peu tenir ses promesses. Ca commence plutôt mal car le second amarrage est planté sur un gros bloc qui commence à bouger. il faut donc improviser un contre-assurage supplémentaire. La descente des pans inclinés se fait bien avec la charge sur le dos, l'ajout d'une déviation réaxe la descente et supprime le risque d'un léger pendule qui pourrait avoir des conséquences fâcheuses avec 30 à 40 kg sur le dos. Je place une petite dyneema supplémentaire pour que l'arbre au début de la vire soit retenu si quelqu'un s'appuie dessus. La vire se franchit facilement même lourdement chargé. La poulie de dérivation est un peu physique à accrocher mais tout est jouable.
Et c'est tant mieux car ce parcours maintenant va être répété par des débutants ou tout au moins des personnes franchement peu habituées à ces techniques, et fort heureusement suffisamment impressionnées pour ne pas oublier de se longer et d'être attentifs à leur propre sécurité.
Assez rapidement, je peux donc rester au bout de la vire et gérer uniquement la descente des affaires sur le frein de charge et des personnes sur l'équipement de progression. J'impose aux plongeurs la position de mise à l'eau, sauvant ainsi peut-être quelques vies car ils voulaient s'installer exactement dans la trajectoire des chutes de pierre et plus d'un gros rocher a roulé jusqu'en bas. La plongée est bientôt prête.
En face du lieu choisi pour la descente se trouve la voie chinoise, l'itinéraire que les locaux utilisaient pour descendre dans le gouffre. Une descente raide dans la forêt les amenait au bord du puits, puis à l'aide de lianes ils descendaient le long d'une paroi presque verticale sur une trentaine de mètres.

Sous l'eau, Jarrod tente de respecter l'azimut général que je lui ai donné en lisant la topographie, mais ça le conduit dans des zones profondes et boueuses. Il doit renoncer.

La remonté du matériel se fait sans trop de problème car il y a beaucoup de monde pour aider.

24 février :
Cette fois-ci, ce sont 4 plongeurs qu'il faut mettre à l'eau. Plus de bouteilles, moins de main d'oeuvre... la descente prend plus de temps, forcément. David Deng veut me mettre la pression pour que l'on remonte le matériel par la voie chinoise pour gagner du temps. Et surtout pour éviter d'avoir à trop forcer. Je lui demande d'attendre que je regarde ce qu'il est possible de faire, lui faisant remarquer que si je trouve un moyen moins fatiguant et aussi sûr d'arriver au même résultat, je l'emploierais. A la dernière charge descendue, je vais inspecter de plus près la voie chinoise. Elle est plutôt saine, mais il n'y a aucun moyen de hisser les charges dans que la corde frotte sur un surplomb et rien n'est prévu pour la sécurité des personnes. Le risque de voir le matériel se coincer à chaque montée sous le surplomb est trop grand et installer une polie de renvoi ne pourrait se faire qu'avec une longue corde, ce qui implique des manoeuvres gérées de deux endroits différents. J'ai encore en mémoire le sauvetage à Qianqi dans le Guizhou où les mêmes manoeuvres ont pris un temps infini... De plus, voir les porteurs descendre au bord de la lèvre du puits pour charger les sacs ne me satisfait pas du tout. On n'est jamais à l'abris d'un déséquilibre provoqué par la rupture d'une sangle de portage ou un pieds qui glisse et je me sens également responsable de la sécurité des porteurs. David Deng manifestement ne se soucie absolument pas des risques encourus par les autres lui qui ne prend guère même le risque de se fatiguer. Mais si l'un d'eux tombe ou fait tomber une bouteille, je ne le vois pas assumer une quelconque des conséquences. Mais on me dit qu'il est déjà parti avec Ben, un chinois de Nanning plutôt a l'aise sur les cordes, récupérer à Mawangdong la corde et l'amener ici. Je tente de gommer ce gros problème de ma tête. J'espère juste que Ben ne se laissera pas pousser à faire des imprudences.
J'ai a peine le temps de reconfigurer l'équipement pour cette fois extraire le matériel de la cavité (remplacer le frein de charge sur descendeur par un poulie-bloqueur sur un autre amarrage plus convenable pour tirer) que les premières charges sont disponibles pour la remonté. Les deux plongées à l'amont et à l'aval ont des résultats à la hauteur de la visibilité. Il faut oublier le rêve de voir une partie du matériel ressortir par Sanmenhai. Cette fois-ci, Jarrod a tenté de suivre le courant. Le résultat est plus prometteur, puisque le passage topographié respecte l'azimut général, il suffirait de le prolonger pour atteindre Sanmenhai.
Finalement, tout s'enchaîne à merveille, sans embouteillage ni précipitation. David Deng revient de Mawangdong, La tyrolienne étant tendue depuis le bas, il n'a eu aucune idée du moyen de la démontée et s'est donc abstenu d'y toucher. Mais au fur et a mesure, il y a de moins en mois de matériel en bas et de plus en plus de personnes en haut pour aider. Ben est descendu pour vérifier que chacun est bien préparé pour la monté, je n'ai donc pas à descendre pour vérifier ce point comme la veille. Nous terminons tout de même à la nuit tombée..

25 février :
Deux plongeurs seulement cette fois-ci pour une dernière tentative à Feilongdong. Mais nous ne sommes que trois, avec bien entendu les porteurs de locaux Sanmenhai, mais je n'ai formé aucun d'entre eux à circuler sur les cordes. Une bonne partie du matériel étant déjà dans le trou, la plongée est vite préparée. Pendant la plongée, je me fait un petit tour à la palme des vasques amont et aval. Je visite ainsi la salle aux chauves souris découverte deux jours plus tôt par les plongeurs. Je me laisse également porter par le courant pour voir précisément où il meure mais cette information n'apporte pas grand chose car le volume est tellement important qu'il devient insensible. Au retour de Jarrod et David, j'emprunte le matériel de David pour aller voir ce qui se passe dessous. Mais je ne me sent pas vraiment tranquille avec ce système de bi couplé, cette grosse lampe à la main, ce dévidoir qui demande une attention soutenue et la présence de fil tendu on ne sait où dans un grand volume où la visibilité reste très faible.
Je pars donc de l'endroit où j'ai observé les dernières traces de courant et descend à -10 m. Je fait une virée à droite, il semble que l'on s'enfonce sous la voûte puisque la leur vert glauque de la surface disparaît. Mais c'est de plus en plus boueux. Jarrod m'accompagne. Je n'insiste pas, je n'ai aucune envie de partir en pointe dans la boue avec l'équivalent pour moi d'un mono-bouteille. Je fais une reconnaissance de l'autre coté, ça reste propre un peu plus longtemps. Je retrouve un fil, c'est à priori le passage qu'ils ont emprunté mais je ne suis pas encore sous la voûte. Je jette alors un coup d'oeil vers le fond, descend à - 26. C'est vertical et encre une fois je décide d'être raisonnable pour moi d'une part et d'autre part pour Jarrod qui me suit et pour qui les paramètres de décompression seront risqués vu son historique des jours précédents, sa plongée précédente et les efforts qui restent à faire pour ressortir le matériel.
Ma conclusion est bien entendu la même : 3 m de visibilité dans une galerie de 5O m de diamètre, c'est pas assez.
Nous remballons gentiment le matériel et hissons tout ça vers la sortie, des renforts arrivent depuis Sanmenhai. Le trou aurait pu être déséquipé avant la nuit si les plaquettes neuves n'avaient pas fâcheuse tendance à coincer sur les goujons...
Pour voir a quel point il tenait mal, nous achevons de déchausser le rocher branlant de l'amarrage de tête et le poussons au fond du puits.

26 février :
Plongée à Mawangdong
Je prend un peu d'avance pour mettre en place une corde supplémentaire pour assurer le petit ressaut. En fait, ayant vu évoluer les porteurs d'une part et les plongeurs d'autre part, je renonce à utiliser la tyrolienne pour la descente et la remonté du matériel. Les porteurs sont trop habiles, ce serait pratiquement leur faire insulte. Je prête a chacun une ceinture de sangle avec deux mousquetons pour passer les vires et le ressaut, spécialement pour ceux qui ont une charge très lourde. Et je place une corde d'aide pour le sentier descendant dans le puits. Comme prévu, la corde de 200 m est déployée pour aider aussi la descente et la remonté dans le grand éboulis. Ainsi, le matériel arrive "tout seul" auprès de l'eau.
J'ai ajouté mon sac au matériel de plongée. Je pars donc sans retard en néoprène et avec des palmes sur le grand lac. Vu le courant d'air qui circule au-dessus, il serait idiot de ne pas en inspecter toute la surface. Il file au nord, puis tourne brutalement à l'ouest. Après un passage concrétionné, on arrive au pied d'un éboulis. En haut, on voit la lumière. Je reconnais le grand toboggan, vu d'en bas. Je poursuis en marchant sur la berge qui se transforme ne vire praticable... mais là, pas question d'avancer. A un mètre au-dessus de l'eau, là où c'est bien pratique pour passer, il y a un gros serpent lové. Je reste à quelque mètres. Je l'observe. vert rayé de noir, tête triangulaire avec un cou, il doit mesurer plus d'un mètre, mais je n'ai aucune envie de le voir se détendre pour vérifier. Son corps fait presque 10 cm de diamètre. Il me regarde aussi. Mon cerveau se met à la fréquence du célèbre raisonnement reptilien qui, dit-on, n'envisage que deux possibilités : attaquer ou fuir. Je rebrousse donc chemin. Tant que je ne m'approche pas plus, il y a peu de chance qu'il change de place, et tant que je sais où il est, je ne m'en approcherais pas plus. Je me remet donc a l'eau et nage un large détour. Renseignement pris, il est tout a fait probable que ce reptile soit un serpent-tigre. Sa morsure est souvent mortelle et c'est d'autre part un excellent nageur... par contre, il chasse essentiellement des rats et des grenouilles ;-)
J'atteint ainsi le bout du lac qui devient un siphon.
Le matériel topo m'accompagnait dans un bidon étanche. Ce n'est pas bien pratique de le déballer ici. Je revient donc à la plage de rochers et bricole un système pour que tout soit attaché sur le casque. En effet, je ne veux pas immerger les instruments de mesure. Le lac en tout fait plus de 400 m. Au retour, je vois les lumières des plongeurs Gideon et C. Ils émergent pas loin d'une de mes stations topographiques, je peux donc raccorder facilement les deux relevés. Ils sont descendu à - 18m et pensent avoir trouvé un départ.
Le retour et le déséquipement se fait sans soucis.

L'expédition de plongée-speleo se termine le surlendemain par le départ de l'équipe. Jarrod a bien l'intention de revenir en découdre avec ce siphon.

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