Noces tibétaines à Kalonggou
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Noces tibétaines à Kalonggou
Sunkening se rend régulièrement et depuis 15 ans dans ce petit village tibétain de Kalonggou. Il est considéré comme le frère de celui qui nous a invité pour le mariage de son fils. De fait, tout le monde le connaît là-bas. J'ai ainsi eu la chance de vivre cette fête et de visiter ce village et ses environs. Bien qu'il tente de d'ouvrir au tourisme, les visiteurs étrangers y sont très rares (faut-il le déplorer ou s'en réjouir ?).
Le village de Kalongou est accessible en voiture, mais celà demande bien 8 h de route depuis Dujiangyan, cette ville que Li Bing et son fils Er Lang ont rendu sélèbre il y a 23 siècles en faisant construire un système d'irrigation encore actif et en développement aujourd'hui et qui a été décisif pour le développement du bassin de Chengdu.
La route route passe par Yinxiu et Wenchuan, où se situe l'épicentre du séisme du 5.12.2008. Les flancs des montagnes ne sont pas encore parfaitement stabilisées et les risques d'effondrements demeurent importants. Des personnes sont affectés à la surveillance de la montagnes, ils observent en permanence les zones instables et bloquent la circulation s'il y a danger.
Cette route offre un paysage à la fois impressionnant et déprimant. La surrection des montagnes ici est tellement rapide qu'il ne peu pas se constituer de plaine. Les versants tombent jusqu'au torrent et ce n'est qu'à l'occasion de rares confluences, comme à Yinxiu, Wenchuan et Maoxian que l'on a pu batir des villes. Lorsqu'on s'éloigne de la désolation laissée par le séisme, ce sont les activités humaines, mines, barrages ou simple construction de routes qui balafrent la montagne parfois jusqu'à son sommet.
Mais plus on se déplace vers le nord, plus ces dégradations aux causes à la fois anthropiques et tectoniques se raréfient. Nous quittons la route de Heishui pour une petite vallée qui remonte au nord et est de plus en plus boisée.
A notre arrivée à Kalonggou, la cour d'école a été préparée pour une fête de nouvel an à la chinoise. C'est à dire que deux grandes enceintes ont été mises en place. Les autochtones sont assis contre le mur, au soleil et protèges du vent, affairés ou simplement buvant la bière et la tsampa en discutant. J'en ai même vu qui filaient la laine en se tortillant sur fond de musique disco pour faire rire ses copines. Cette fête sent le programmé, pas le spontané. Mais ça ne dérange pas grand monde d'être assis au soleil ici plutôt qu'ailleurs.
Nous quittons la cour d'école pour aller manger, je traîne un peu dehors et me rend compte en revenant vers la cours qu'elle s'est brusquement vidée. D'autre part, la sono s'est arrêtée alors que quelques minutes plus tôt, la partie bruyante semblait vouloir démarrer. J'observe une scène inquiétante. Un homme crie et menace une femme. Lui montre son poing, se frappe la poitrine. Elle ne bronche pas, conserve de la hauteur. Il finit par de détourner et marche dans la rue, s'en prenant à un enfant. Parfois il lève les yeux au ciel, parfois pose les mains au sol. On m'explique quil vient de perdre un petit fils, noyé dans la rivière. A peine ai-je compris ces explications qu'arrive un petit groupe d'hommes portant l'enfant mort. d'autres suivant avec ses chaussures.
Une minute à peine plus tard, c'est un groupe d'une trentaine d'homme qui passe devant nous, d'un pas rapide mais dans un silence lourd. Puis un groupe de femmes arrive, l'une d'elle ne cesse de pleurer, elle est soutenue pas ses proches. Bien plus tard, j'apprendrais que l'enfant s'est noyé presque au moment où nous sommes arrivés. Bloqué par le choc, je n'ai pas eu la présence d'esprit de poser cette question immédiatement. Peut-être était-il possible encore de réanimer l'enfant ?
Après notre repas, nous sommes allés faire un tour dans le village. j'ai revu les groupes séparés d'hommes et de femme de chaque coté du pont, et les mêmes personnes assises contre une palissade à faire la même chose que dans la cours de l'école, avec la tsampa et les bières en moins. La soeur de l'enfant mort pleurait toujours. La coutume tibétaine de livrer le corps des défunts en pâture aux bêtes sauvages n'a pas cours ici. Les enfants de moins de 5 ans sont enterrés, ceux de plus de 5 ans sont incinérés. Quelques jours plus tard, dans la forêt, un nouveau groupe de drapeaux rouges flottaient au vent.
Notre journée du lendemain était consacrée à visiter les cascades de travertin aménagés depuis une quinzaine d'années sur un financement du gouvernement afin de développer le tourisme dans la région. Ce site est à la fois magnifique sur le plan esthétique et passionnant d'un point de vue botanique et écologique. La minéralisation taille une saignée dans la forêt primaire, mais le phénomène s'étend sur 700 m de dénivelé, les conditions thermiques et physico-chimiques depuis la source jusqu'au village sont donc très différentes. Et si la nature est un peu endormie par l'hiver, la glace apporte sa contribution au modelage d'un spectacle naturel dont on ne se lasse pas.
Au-dessus de cette coulée de tufs, les montagnes calcaires s'élancent jusqu'à l'altitude de 4000 m. On dit qu'il y a une forêt de pierres ainsi que des gouffres profonds parcourus pas des vents violents. Mais il faudrait plus de temps pour s'y rendre. La meilleure saison est juin et juillet. Des chevaux peuvent aider à porter le matériel pour limiter la fatigue inévitable à ces altitudes.
Les noces sont venues encore un jour plus tard. Le repas de noces était à midi. Les danses ont ainsi commencé dans le début d'après-midi, tout d'abord, c'étaient des rondes tibétaines sur cd. C'est assez compliqué à mémoriser. Je crois qu'il y a des indices pour se caler dans le chant lui-même, mais quand on ne comprend pas le tibétain, forcément... La sono a eu la bonne idée de tomber en panne. Après un petit temps mort, la ronde a repris en chantant. Plus tard, après une soupe vite bue, la danse s'est structurée différemment, c'était une sorte de joute où le meneur rythmait avec des grelots. Son chant et son pas étant variable et imité par la farandole (ronde ouverte); son chant était alors repris par les femmes avec également des pas de danse libres et inimitables. La sono a repris ensuite, envoyant des musiques plus modernes qui ne suscitaient guère d'intérêt chez les personnes de plus de 40 ans, à par quelques acharnés et acharnées dont on se demande bien sur quel type de piles ils fonctionnent pour pouvoir s'activer ainsi sans arrêt et si longtemps. La ronde attirait tout les publics, le disco sélectionnait les plus jeunes. Pourtant, à les voir, ils reconstituaient souvent une sorte de farandole. La jeune mariée, ainsi que beaucoup de ses proches de son âge, prenaient visiblement le même plaisir a tous les types de danses.
Je n'ai pas tenu toute la soirée, devant repartir tôt le lendemain pour une longue route. A minuit, les étoiles brillaient dans le ciel, mais au matin, il avait neigé. Dans cette vallée, les nuages se découvrent vers 2 h environ.
J'ai glané quelques information dur le village de Kalonggou et sur la région :
A l'origine, ce pays était habité par les Geji. C'étaient de rudes combattants possédants de gros yeux et une longue queue (mythologie ?). Ils ont été anéantis par les tribus Chan il y a environ 3000 ans. Mais il y a 1400 ans, à l'époque de la dynastie Tang, les tibétains ont à leur tour écrasé les Chan, se rendant maîtres du pays.
Il y a environ 300 habitants pour une trentaine de familles. Tous sont tibétains. Il y a quelques hans travaillant à la protection de la forêt, ils disent arriver à comprendre un peu le tibétain mais ne le parlent pas. Tout le monde en revanche parle le mandarin. Ce ce que l'on m'a dit, 30% environ sont capables de lire et écrire en tibétain, mais ce chiffre est un maximum. En effet, l'école n'enseigne que le mandarin, et si l'apprentissage de la langue parlée par la famille se fait naturellement et sans effort, il n'en va pas de même pour l'écrit. Mais par le passé, la proportion de personnes capable d'écrire tibétains n'était pas plus forte pour d'autres raisons. Réduits à l'esclavage, les populations non monastiques n'avaient droit à rien et n'avaient pas le temps d'apprendre quoi que ce soit, leur vie consistant à travailler pour quelques seigneurs. C'est ainsi qu'ils justifient la présence plutôt surprenante de quelques portraits de Mao sur les murs, considéré comme un libérateur en son temps, et comme une icône porte-bonheur maintenant.
Il n'y a qu'un moine dans cette vallée. Mais d'autres semblent n'avoir d'autre activité que religieuse. Les habitants de Kalonggou ne se sont pas senti concerné par les JO et les manifestations de Paris. Ils restent très tournés vers leur quotidien. Pour en savoir plus sur leur position par exemple vis-à-vis des émeutes de Lhassa et du dalai lama, il faudrait s'installer plus longtemps, et créer des liens plus intimes.
La pérennité de la culture tibétaine fait l'objet de discussion assez vives entre Sunkening et ses amis hans. Sunkening viens régulièrement à Kalonggou depuis 15 ans et déplore l'influence han sur la culture tibétaine. Les maisons construites selon des modèles han, les jeunes qui préfèrent le disco aux rondes tibétaines... Lorsque je lui suggère que le développement par le tourisme peut être responsable de cette dérive (peut-être leur a-t-on demandé de construire des maisons plus avenantes pour des raisons commerciales ?), il me dit que non, simplement, maintenant que les standards hans sont connus, ils sont simplement de plus en plus choisis pour de simples raisons de pratique ou de confort ou d'attrait de la modernité. Je n'ai rencontré qu'une tibétaine qui soit pessimiste sur l'avenir de la langue elle-même. Il faut dire que son métier à elle, commerçante à Heishui, et son allure même étaient déjà très sinisés. j'imagine donc qu'elle a du mal à trouver le temps de parler tibétain avec ses enfants. Alors qu'a Kalong, les enfants passent incessamment des mères aux grand mères et aux soeurs, toutes parlant tibétain en permanence. Il y a donc toutes les chances qu'à l'âge d'aller à l'école, ils parlent déjà bien le tibétain.
L'action d'ONG évangéliste jusque dans cette région si éloignée des grands centres a de quoi surprendre. Le couple de Chengdu venu offrir des bibles illustrées en chinois et anglais a été plutôt bien accueilli et leurs cadeaux se sont littéralement arrachés.
J'ai trouvé que le lait tibétain qui nous a été servis était finalement bien banalisé par rapport à ce que j'avais eu l'occasion de boire 10 ans plus tôt dans le Yunan. Si l'on omet d'y mettre le beurre rance de yack et qu'on y met un peu de sucre, c'est carrément délicieux.
Dans la famille où nous sommes accueilli, la mère est clairement la clef ce voûte. Elle a eu 8 enfants. La règle de l'enfant unique ne s'applique qu'aux hans.
Les grands-parents de la mariée, tous deux décédés à l'age de 80 ans environs, est assez romanesque. Pendant la longue marche, en 1938, il y a eu des combats entre l'armée rouge et les partisans de Tchang Kaï-chek. Un soldat de l'armée rouge, très jeune, durement blessé, s'est égaré. Il a remonté la rivière et quand il est arrivé à Kalonggou, il était affamé et à moitié mort. Il a été trouvé par une jeune fille qui a convaincu ses parents de le soigner. Elle l'a ensuite épousé. Le mariage auquel nous avons assisté est celui de sa petite fille.
Il semblerait que la règle d'hérédité de minorité soit la suivante : en général, les enfants sont de la même minorité que le père, sauf dans les zones où il est considéré qu'il faut protéger l'ethnie locale. Par exemple, un enfant portera sur sa carte d'identité la minorité tibétaine si sa mère est tibétaine et son père han pour peu qu'il soit né en zone tibétaine. Sur la carte d'identité, les noms tibétains sont écrit en deux langues, le tibétain et le mandarin. En effet, la transcription de certains noms en mandarin est approximative.
Le village de Kalongou est accessible en voiture, mais celà demande bien 8 h de route depuis Dujiangyan, cette ville que Li Bing et son fils Er Lang ont rendu sélèbre il y a 23 siècles en faisant construire un système d'irrigation encore actif et en développement aujourd'hui et qui a été décisif pour le développement du bassin de Chengdu.
La route route passe par Yinxiu et Wenchuan, où se situe l'épicentre du séisme du 5.12.2008. Les flancs des montagnes ne sont pas encore parfaitement stabilisées et les risques d'effondrements demeurent importants. Des personnes sont affectés à la surveillance de la montagnes, ils observent en permanence les zones instables et bloquent la circulation s'il y a danger.
Cette route offre un paysage à la fois impressionnant et déprimant. La surrection des montagnes ici est tellement rapide qu'il ne peu pas se constituer de plaine. Les versants tombent jusqu'au torrent et ce n'est qu'à l'occasion de rares confluences, comme à Yinxiu, Wenchuan et Maoxian que l'on a pu batir des villes. Lorsqu'on s'éloigne de la désolation laissée par le séisme, ce sont les activités humaines, mines, barrages ou simple construction de routes qui balafrent la montagne parfois jusqu'à son sommet.
Mais plus on se déplace vers le nord, plus ces dégradations aux causes à la fois anthropiques et tectoniques se raréfient. Nous quittons la route de Heishui pour une petite vallée qui remonte au nord et est de plus en plus boisée.
A notre arrivée à Kalonggou, la cour d'école a été préparée pour une fête de nouvel an à la chinoise. C'est à dire que deux grandes enceintes ont été mises en place. Les autochtones sont assis contre le mur, au soleil et protèges du vent, affairés ou simplement buvant la bière et la tsampa en discutant. J'en ai même vu qui filaient la laine en se tortillant sur fond de musique disco pour faire rire ses copines. Cette fête sent le programmé, pas le spontané. Mais ça ne dérange pas grand monde d'être assis au soleil ici plutôt qu'ailleurs.
Nous quittons la cour d'école pour aller manger, je traîne un peu dehors et me rend compte en revenant vers la cours qu'elle s'est brusquement vidée. D'autre part, la sono s'est arrêtée alors que quelques minutes plus tôt, la partie bruyante semblait vouloir démarrer. J'observe une scène inquiétante. Un homme crie et menace une femme. Lui montre son poing, se frappe la poitrine. Elle ne bronche pas, conserve de la hauteur. Il finit par de détourner et marche dans la rue, s'en prenant à un enfant. Parfois il lève les yeux au ciel, parfois pose les mains au sol. On m'explique quil vient de perdre un petit fils, noyé dans la rivière. A peine ai-je compris ces explications qu'arrive un petit groupe d'hommes portant l'enfant mort. d'autres suivant avec ses chaussures.
Une minute à peine plus tard, c'est un groupe d'une trentaine d'homme qui passe devant nous, d'un pas rapide mais dans un silence lourd. Puis un groupe de femmes arrive, l'une d'elle ne cesse de pleurer, elle est soutenue pas ses proches. Bien plus tard, j'apprendrais que l'enfant s'est noyé presque au moment où nous sommes arrivés. Bloqué par le choc, je n'ai pas eu la présence d'esprit de poser cette question immédiatement. Peut-être était-il possible encore de réanimer l'enfant ?
Après notre repas, nous sommes allés faire un tour dans le village. j'ai revu les groupes séparés d'hommes et de femme de chaque coté du pont, et les mêmes personnes assises contre une palissade à faire la même chose que dans la cours de l'école, avec la tsampa et les bières en moins. La soeur de l'enfant mort pleurait toujours. La coutume tibétaine de livrer le corps des défunts en pâture aux bêtes sauvages n'a pas cours ici. Les enfants de moins de 5 ans sont enterrés, ceux de plus de 5 ans sont incinérés. Quelques jours plus tard, dans la forêt, un nouveau groupe de drapeaux rouges flottaient au vent.
Notre journée du lendemain était consacrée à visiter les cascades de travertin aménagés depuis une quinzaine d'années sur un financement du gouvernement afin de développer le tourisme dans la région. Ce site est à la fois magnifique sur le plan esthétique et passionnant d'un point de vue botanique et écologique. La minéralisation taille une saignée dans la forêt primaire, mais le phénomène s'étend sur 700 m de dénivelé, les conditions thermiques et physico-chimiques depuis la source jusqu'au village sont donc très différentes. Et si la nature est un peu endormie par l'hiver, la glace apporte sa contribution au modelage d'un spectacle naturel dont on ne se lasse pas.
Au-dessus de cette coulée de tufs, les montagnes calcaires s'élancent jusqu'à l'altitude de 4000 m. On dit qu'il y a une forêt de pierres ainsi que des gouffres profonds parcourus pas des vents violents. Mais il faudrait plus de temps pour s'y rendre. La meilleure saison est juin et juillet. Des chevaux peuvent aider à porter le matériel pour limiter la fatigue inévitable à ces altitudes.
Les noces sont venues encore un jour plus tard. Le repas de noces était à midi. Les danses ont ainsi commencé dans le début d'après-midi, tout d'abord, c'étaient des rondes tibétaines sur cd. C'est assez compliqué à mémoriser. Je crois qu'il y a des indices pour se caler dans le chant lui-même, mais quand on ne comprend pas le tibétain, forcément... La sono a eu la bonne idée de tomber en panne. Après un petit temps mort, la ronde a repris en chantant. Plus tard, après une soupe vite bue, la danse s'est structurée différemment, c'était une sorte de joute où le meneur rythmait avec des grelots. Son chant et son pas étant variable et imité par la farandole (ronde ouverte); son chant était alors repris par les femmes avec également des pas de danse libres et inimitables. La sono a repris ensuite, envoyant des musiques plus modernes qui ne suscitaient guère d'intérêt chez les personnes de plus de 40 ans, à par quelques acharnés et acharnées dont on se demande bien sur quel type de piles ils fonctionnent pour pouvoir s'activer ainsi sans arrêt et si longtemps. La ronde attirait tout les publics, le disco sélectionnait les plus jeunes. Pourtant, à les voir, ils reconstituaient souvent une sorte de farandole. La jeune mariée, ainsi que beaucoup de ses proches de son âge, prenaient visiblement le même plaisir a tous les types de danses.
Je n'ai pas tenu toute la soirée, devant repartir tôt le lendemain pour une longue route. A minuit, les étoiles brillaient dans le ciel, mais au matin, il avait neigé. Dans cette vallée, les nuages se découvrent vers 2 h environ.
J'ai glané quelques information dur le village de Kalonggou et sur la région :
A l'origine, ce pays était habité par les Geji. C'étaient de rudes combattants possédants de gros yeux et une longue queue (mythologie ?). Ils ont été anéantis par les tribus Chan il y a environ 3000 ans. Mais il y a 1400 ans, à l'époque de la dynastie Tang, les tibétains ont à leur tour écrasé les Chan, se rendant maîtres du pays.
Il y a environ 300 habitants pour une trentaine de familles. Tous sont tibétains. Il y a quelques hans travaillant à la protection de la forêt, ils disent arriver à comprendre un peu le tibétain mais ne le parlent pas. Tout le monde en revanche parle le mandarin. Ce ce que l'on m'a dit, 30% environ sont capables de lire et écrire en tibétain, mais ce chiffre est un maximum. En effet, l'école n'enseigne que le mandarin, et si l'apprentissage de la langue parlée par la famille se fait naturellement et sans effort, il n'en va pas de même pour l'écrit. Mais par le passé, la proportion de personnes capable d'écrire tibétains n'était pas plus forte pour d'autres raisons. Réduits à l'esclavage, les populations non monastiques n'avaient droit à rien et n'avaient pas le temps d'apprendre quoi que ce soit, leur vie consistant à travailler pour quelques seigneurs. C'est ainsi qu'ils justifient la présence plutôt surprenante de quelques portraits de Mao sur les murs, considéré comme un libérateur en son temps, et comme une icône porte-bonheur maintenant.
Il n'y a qu'un moine dans cette vallée. Mais d'autres semblent n'avoir d'autre activité que religieuse. Les habitants de Kalonggou ne se sont pas senti concerné par les JO et les manifestations de Paris. Ils restent très tournés vers leur quotidien. Pour en savoir plus sur leur position par exemple vis-à-vis des émeutes de Lhassa et du dalai lama, il faudrait s'installer plus longtemps, et créer des liens plus intimes.
La pérennité de la culture tibétaine fait l'objet de discussion assez vives entre Sunkening et ses amis hans. Sunkening viens régulièrement à Kalonggou depuis 15 ans et déplore l'influence han sur la culture tibétaine. Les maisons construites selon des modèles han, les jeunes qui préfèrent le disco aux rondes tibétaines... Lorsque je lui suggère que le développement par le tourisme peut être responsable de cette dérive (peut-être leur a-t-on demandé de construire des maisons plus avenantes pour des raisons commerciales ?), il me dit que non, simplement, maintenant que les standards hans sont connus, ils sont simplement de plus en plus choisis pour de simples raisons de pratique ou de confort ou d'attrait de la modernité. Je n'ai rencontré qu'une tibétaine qui soit pessimiste sur l'avenir de la langue elle-même. Il faut dire que son métier à elle, commerçante à Heishui, et son allure même étaient déjà très sinisés. j'imagine donc qu'elle a du mal à trouver le temps de parler tibétain avec ses enfants. Alors qu'a Kalong, les enfants passent incessamment des mères aux grand mères et aux soeurs, toutes parlant tibétain en permanence. Il y a donc toutes les chances qu'à l'âge d'aller à l'école, ils parlent déjà bien le tibétain.
L'action d'ONG évangéliste jusque dans cette région si éloignée des grands centres a de quoi surprendre. Le couple de Chengdu venu offrir des bibles illustrées en chinois et anglais a été plutôt bien accueilli et leurs cadeaux se sont littéralement arrachés.
J'ai trouvé que le lait tibétain qui nous a été servis était finalement bien banalisé par rapport à ce que j'avais eu l'occasion de boire 10 ans plus tôt dans le Yunan. Si l'on omet d'y mettre le beurre rance de yack et qu'on y met un peu de sucre, c'est carrément délicieux.
Dans la famille où nous sommes accueilli, la mère est clairement la clef ce voûte. Elle a eu 8 enfants. La règle de l'enfant unique ne s'applique qu'aux hans.
Les grands-parents de la mariée, tous deux décédés à l'age de 80 ans environs, est assez romanesque. Pendant la longue marche, en 1938, il y a eu des combats entre l'armée rouge et les partisans de Tchang Kaï-chek. Un soldat de l'armée rouge, très jeune, durement blessé, s'est égaré. Il a remonté la rivière et quand il est arrivé à Kalonggou, il était affamé et à moitié mort. Il a été trouvé par une jeune fille qui a convaincu ses parents de le soigner. Elle l'a ensuite épousé. Le mariage auquel nous avons assisté est celui de sa petite fille.
Il semblerait que la règle d'hérédité de minorité soit la suivante : en général, les enfants sont de la même minorité que le père, sauf dans les zones où il est considéré qu'il faut protéger l'ethnie locale. Par exemple, un enfant portera sur sa carte d'identité la minorité tibétaine si sa mère est tibétaine et son père han pour peu qu'il soit né en zone tibétaine. Sur la carte d'identité, les noms tibétains sont écrit en deux langues, le tibétain et le mandarin. En effet, la transcription de certains noms en mandarin est approximative.
Dernière édition par Admin le Dim 15 Fév - 17:00, édité 2 fois
Le village de Kalonggou
Sur la route entre Maoxian et Heishui, on passe devant quelques villages tibétains en pierre.
Kalonggou est au bout de cette route entre les montagnes arides et abruptes.
Les pentes des flancs de montagne s'adoucissent un peu et la forêt devient l'environnement dominant.
Portique du départ du chemin vers les cascades de gours de Kalonggou, Il n'a ici qu'une fonction décorative.
Le village est en rénovation. Certaine maisons sont construites "à la chinoise", c'est à dire sans le soubassement en gros murs de terre. Elle ne seront donc vraiment habitable que l'été. Elles sont sans doute destinées à l'hébergement de touristes.
Les stupas dans cette région sont assez rudimentaires. Ce sont des sanctuaires bouddhiques. Les pierres blanches sur le dessus étaient également vénérées par les Chans quand ils étaient maîtres de cette vallée.
Le soubassement traditionnel en pisé offre l'avantage d'une excellente isolation thermique.
A coté d'une maison désaffectée, ce carré de pierres sèches sous un toit n'a aucune autre fonction que d'abriter une série de tsa-tsa. Il s'agit d'objet en argile moulé typiques de l'art traditionnel tibétain. L'argile qui le constitue est souvent mêlée des cendres d'un lama. Il n'est pas question d'en emmener. Tout a été remis soigneusement en place après les photos.
Les classiques moulins à prière, ici, ne sont pas encore déballés ! J'ai cru un instant, vu que le temple était tout neuf et fermé, qu'il n'était pas encore actif. Mais après j'ai vu des gens s'y rendre et faire tourner ces moulins.
Des moulins à prière hydrauliques, de construction également récente. Ils résistent mal au gel.
Pendant les fêtes du nouvel an, la cour d'école offre un certain confort, c'est à dire un mur ensoleillé qui abrite du vent. Une fête y était prévue pour le nouvel an, mais elle a été annulée. Ces photos ont été prises un peu avant que les gens ne s'en aillent.
Ceux-ci préfèrent jouer au carte que carder ou filer la laine ou boire la Tsampa.
La barre fixe prévue pour la gymnastique a été transformée en balançoire.
Ces enfants jouent simplement à aplatir des capsulent de bière.
Celui-ci sera plus adepte du disco que des rondes tibétaines.
Kalonggou est au bout de cette route entre les montagnes arides et abruptes.
Les pentes des flancs de montagne s'adoucissent un peu et la forêt devient l'environnement dominant.
Portique du départ du chemin vers les cascades de gours de Kalonggou, Il n'a ici qu'une fonction décorative.
Le village est en rénovation. Certaine maisons sont construites "à la chinoise", c'est à dire sans le soubassement en gros murs de terre. Elle ne seront donc vraiment habitable que l'été. Elles sont sans doute destinées à l'hébergement de touristes.
Les stupas dans cette région sont assez rudimentaires. Ce sont des sanctuaires bouddhiques. Les pierres blanches sur le dessus étaient également vénérées par les Chans quand ils étaient maîtres de cette vallée.
Le soubassement traditionnel en pisé offre l'avantage d'une excellente isolation thermique.
A coté d'une maison désaffectée, ce carré de pierres sèches sous un toit n'a aucune autre fonction que d'abriter une série de tsa-tsa. Il s'agit d'objet en argile moulé typiques de l'art traditionnel tibétain. L'argile qui le constitue est souvent mêlée des cendres d'un lama. Il n'est pas question d'en emmener. Tout a été remis soigneusement en place après les photos.
Les classiques moulins à prière, ici, ne sont pas encore déballés ! J'ai cru un instant, vu que le temple était tout neuf et fermé, qu'il n'était pas encore actif. Mais après j'ai vu des gens s'y rendre et faire tourner ces moulins.
Des moulins à prière hydrauliques, de construction également récente. Ils résistent mal au gel.
Pendant les fêtes du nouvel an, la cour d'école offre un certain confort, c'est à dire un mur ensoleillé qui abrite du vent. Une fête y était prévue pour le nouvel an, mais elle a été annulée. Ces photos ont été prises un peu avant que les gens ne s'en aillent.
Ceux-ci préfèrent jouer au carte que carder ou filer la laine ou boire la Tsampa.
La barre fixe prévue pour la gymnastique a été transformée en balançoire.
Ces enfants jouent simplement à aplatir des capsulent de bière.
Celui-ci sera plus adepte du disco que des rondes tibétaines.
Noces tibétaines
Dans la rue, devant la maison des épousailles, quelques photos des gens attendant le début des festivités. Les femmes sont très souvent voilées, c'est une simple question de confort, l'air étant vif et surtout très sec, le vent et le soleil ayant tendance à faire rougir la peau, ce voile est surtout une protection. Les hommes et les femmes sont très souvent en groupes séparés.
Cet homme est passé plusieurs fois sur la route qu'il aspergeait rituellement avec son petit rameau. Au coup, il porte l'écharpe qui a été offerte aux convives.
Un parc à bestiaux, situé en face de la maison des épousailles, a été aménagé. C'est à dire qu'on a aspergé d'eau son sol trop sec, délimité une place avec des planches posées au sol, amené de la bière ainsi qu'un pot de tsampa et fait un feu pour chauffer l'eau qui alimentera la tsampa au fur et à mesure de sa consommation.
Ces fruits sont comestibles, un peu acides, mais pas mauvais.
Voici l'intérieur de la maison de la mariée. Les éléments importants sont le gros poêle-cusinière et surtout, sous la poutre centrale, le petit chiffon rouge tenu par des punaises. Lorsque la construction de la maison est terminée, les habitants placent dans ce chiffon ce qui est le plus précieux à leurs yeux. Eux seuls savent ce que c'est. Il ne vaut pas y toucher, c'est extrêmement personnel.
Un peu plus loin dans le village, des habitants non concernés par le mariage.
Un groupe de convive est arrivé à moto. On se serait cru au far-west version mécanique.
Quelques affiches de propagande, imprimées en chinois et tibétain, tout le monde ne lisant pas les deux langues.
Un couple membres d'une association évangélique venu de Chengdu a apporté des bibles illustrées imprimées en chinois et en anglais. Ils ont distribué ceci gratuitement.
Dans la maison du marié, on retrouve le poêle à tout faire. Au mur, une image de Mao et ses 10 généraux.
La mariée, avant de se préparer.
Le marié est bientôt prêt.
La salle principale, les décorations à l'extérieur, tout est prêt.
Vu avec un peu de recul la maison des noces et le carré aménagé dans l'enclos.
Sunkening, la mère du marié et la plus grande fille. Sunkening connaît et visite cette famille régulièrement depuis 15 ans, c'est pour ça qu'il considère le père du marié comme son frère.
Le frère de Sunkening effectue un rite qui consiste à asperger la pièce avec la tsampa à l'aide de baguettes. La tsampa, c'est le gros pot contenant de l'orge fermenté. On le maintient en permanence le niveau en ajoutant de l'eau chaude, et on boit l'alcool au fond du pot a l'aide d'une paille
Les mariés font leur sortie.
Le rite ici est très simple. Ils s'agit de saluer les pères et mères, installés sur quatre chaises et de boire avec eux.
La mariée, intimidée par les affreux paparazzis dont je fais partie. Les ornements sont en argent et pierres.
Argent, pierres et coraux sont les principaux constituants de la coiffe qu'elle sera heureuse de déposer au plus tôt !
Délestée de la coiffe, la mariée et son fils. En effet, la tradition est de célébrer le mariage lorsque l'enfant a atteint l'âge de 2 ans.
Quelques photos des convives.
La ronde scandée de chants tibétains. Les pas sont parfois simples, parfois très difficiles à mémoriser. Mais à 2900 m d'altitude, c'est réchauffant et énergique.
Plus énergiques encore, les jeunes ont un jeu un peu violent qui consiste à attraper quelqu'un et le jeter en l'air... même avec l'heure tardive et l'alcool, personne ne s'est fait mal.
Il y a aussi des moments plus calmes autour du feu.
Au petit matin, la neige a blanchit le paysage. Nous partons.
Cet homme est passé plusieurs fois sur la route qu'il aspergeait rituellement avec son petit rameau. Au coup, il porte l'écharpe qui a été offerte aux convives.
Un parc à bestiaux, situé en face de la maison des épousailles, a été aménagé. C'est à dire qu'on a aspergé d'eau son sol trop sec, délimité une place avec des planches posées au sol, amené de la bière ainsi qu'un pot de tsampa et fait un feu pour chauffer l'eau qui alimentera la tsampa au fur et à mesure de sa consommation.
Ces fruits sont comestibles, un peu acides, mais pas mauvais.
Voici l'intérieur de la maison de la mariée. Les éléments importants sont le gros poêle-cusinière et surtout, sous la poutre centrale, le petit chiffon rouge tenu par des punaises. Lorsque la construction de la maison est terminée, les habitants placent dans ce chiffon ce qui est le plus précieux à leurs yeux. Eux seuls savent ce que c'est. Il ne vaut pas y toucher, c'est extrêmement personnel.
Un peu plus loin dans le village, des habitants non concernés par le mariage.
Un groupe de convive est arrivé à moto. On se serait cru au far-west version mécanique.
Quelques affiches de propagande, imprimées en chinois et tibétain, tout le monde ne lisant pas les deux langues.
Un couple membres d'une association évangélique venu de Chengdu a apporté des bibles illustrées imprimées en chinois et en anglais. Ils ont distribué ceci gratuitement.
Dans la maison du marié, on retrouve le poêle à tout faire. Au mur, une image de Mao et ses 10 généraux.
La mariée, avant de se préparer.
Le marié est bientôt prêt.
La salle principale, les décorations à l'extérieur, tout est prêt.
Vu avec un peu de recul la maison des noces et le carré aménagé dans l'enclos.
Sunkening, la mère du marié et la plus grande fille. Sunkening connaît et visite cette famille régulièrement depuis 15 ans, c'est pour ça qu'il considère le père du marié comme son frère.
Le frère de Sunkening effectue un rite qui consiste à asperger la pièce avec la tsampa à l'aide de baguettes. La tsampa, c'est le gros pot contenant de l'orge fermenté. On le maintient en permanence le niveau en ajoutant de l'eau chaude, et on boit l'alcool au fond du pot a l'aide d'une paille
Les mariés font leur sortie.
Le rite ici est très simple. Ils s'agit de saluer les pères et mères, installés sur quatre chaises et de boire avec eux.
La mariée, intimidée par les affreux paparazzis dont je fais partie. Les ornements sont en argent et pierres.
Argent, pierres et coraux sont les principaux constituants de la coiffe qu'elle sera heureuse de déposer au plus tôt !
Délestée de la coiffe, la mariée et son fils. En effet, la tradition est de célébrer le mariage lorsque l'enfant a atteint l'âge de 2 ans.
Quelques photos des convives.
La ronde scandée de chants tibétains. Les pas sont parfois simples, parfois très difficiles à mémoriser. Mais à 2900 m d'altitude, c'est réchauffant et énergique.
Plus énergiques encore, les jeunes ont un jeu un peu violent qui consiste à attraper quelqu'un et le jeter en l'air... même avec l'heure tardive et l'alcool, personne ne s'est fait mal.
Il y a aussi des moments plus calmes autour du feu.
Au petit matin, la neige a blanchit le paysage. Nous partons.
Triste histoire
Je n'ai pas pris de photos de l'épisode de l'enfant noyé pour des raisons que chacun peu comprendre.
Ici, on voit, quelques heures après, dans le village, les groupes d'hommes et de femme séparés de part et d'autre d'un petit pont, mais réunis autour de la même douleur.
Le dernier jours, dans la forêt, un bouquet de drapeaux tout neuf avait fleuri.
Ici, on voit, quelques heures après, dans le village, les groupes d'hommes et de femme séparés de part et d'autre d'un petit pont, mais réunis autour de la même douleur.
Le dernier jours, dans la forêt, un bouquet de drapeaux tout neuf avait fleuri.
Noces tibétaines
Merci pour la visite, les photos sont superbes.
Et bonjour à SunKeNing
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Éric
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Éric
Eric S- Messages : 2
Date d'inscription : 28/05/2008
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